SABATTIER Louis (23/05/1863-1935) Actif : 1895-1935
Affaire Dreyfus à la Chambre des députés, rixe entre Albert Sarraut et et M. Pugliesi-Conti, dessin de Sabattier, 1906.
Né à Annonay, Louis Sabattier était un passionné de la mer et dans sa jeunesse, il rêvait d’être marin. C’est ce qui lui inspirera des toiles remarquables représentant des marines. Elève de Gérôme et de Boulanger, il devient sociétaire de la Société des artistes français, dès 1890. Il donne son tout premier dessin à L’Illustration en 1895, retranscrivant par l’image la vie parisienne. Ce sera le point de départ d’une longue collaboration qui ne s’achèvera qu’à sa mort, 40 ans plus tard.
Dans le n° 4.803 (23 mars1935), en lui rendant hommage, l’hebdomadaire, sous la plume d’Albéric Cahuet, évoque « un admirable artiste, un des plus grands dessinateurs qui (lui) a donné pendant près de quarante ans sa collaboration ». A ses débuts, il se plaît à « imager la vie parisienne », le tout « avec une grâce, un humour, un art inimitables (…). Sa verve avait le tact et la finesse qui transforment tout en élégance et réduisait l’aspect caricatural de certaines modes féminines, par la fraîcheur de la silhouette et l’espièglerie du visage ». L’auteur de la nécrologie ajoute toutefois que « son crayon n’avait pas le trait acéré jusqu’à la cruauté des dessins de Sem, son contemporain ».
Dans le n° 4.803 (23 mars1935), en lui rendant hommage, l’hebdomadaire, sous la plume d’Albéric Cahuet, évoque « un admirable artiste, un des plus grands dessinateurs qui (lui) a donné pendant près de quarante ans sa collaboration ». A ses débuts, il se plaît à « imager la vie parisienne », le tout « avec une grâce, un humour, un art inimitables (…). Sa verve avait le tact et la finesse qui transforment tout en élégance et réduisait l’aspect caricatural de certaines modes féminines, par la fraîcheur de la silhouette et l’espièglerie du visage ». L’auteur de la nécrologie ajoute toutefois que « son crayon n’avait pas le trait acéré jusqu’à la cruauté des dessins de Sem, son contemporain ».
Parmi les thèmes qui ont jalonné sa longue carrière à L’Illustration, on trouve la naissance de l’aviation et de l’automobile, la mode, la vie quotidienne ou encore les grandes moments de la vie politique, avec les séances parlementaires, sans oublier des reportages sur la Chine. Nombre d’hommes d’état ont été dessinés par lui, tout comme il a immortalisé les visites officielles des souverains et présidents étrangers, les séances parlementaires, les grands procès ou les fêtes franco-russes de 1895. En 1912, il a accompli un long périple en Chine : « Louis Sabattier, le dessinateur incomparable, dont nous n’avons pas ici à faire l’éloge (…) est allé voir la Chine, la Chine si vieille, en pleine crise de transformation, et peut être de rajeunissement. La Chine républicaine. Son séjour y fut court, mais on imagine aisément combien en cinq semaines vécues à Pékin, après escale à Shanghaï et Tien-Tsin, l’œil en éveil, le crayon alerte et l’objectif de Louis Sabattier ont su observer et fixer de spectacles amusants, pittoresques, souvent plus instructifs dans leurs raccourcis évocateurs que de minutieuses enquêtes. Vieux Chinois et jeunes Chinois, Sabattier les a saisis sur le vif. Les hommes politiques, le président Yuan Chi Kaï en tête, l’ont reçu et on posé pour lui. Jamais moisson ne fut à la fois si rapide et si abondante ». De cette riche matière, annoncée dans le n° 3.625 du 17 août 1912, devaient sortir des reportages richement illustrés, « une des meilleures séries d’articles illustrés qui aient jamais pu être offerts à nos lecteurs ».
Pendant la Grande guerre, il est l’un des principaux dessinateurs avec Georges Scott à exalter le sentiment patriotique. Il a été également un grand illustrateur de romans. Pour Albéric Cahuet, « La suite des Sabattier réalise comme la fresque de trente ans de vie française », dans L’Illustration. Sabattier est décédé à Nice. Il avait gardé des liens étroits avec sa ville natale d’Annonay, y séjournant fréquemment. Sa veuve a confié un grand nombre de ses dessins, esquisses et peintures au musée de la ville.
Pendant la Grande guerre, il est l’un des principaux dessinateurs avec Georges Scott à exalter le sentiment patriotique. Il a été également un grand illustrateur de romans. Pour Albéric Cahuet, « La suite des Sabattier réalise comme la fresque de trente ans de vie française », dans L’Illustration. Sabattier est décédé à Nice. Il avait gardé des liens étroits avec sa ville natale d’Annonay, y séjournant fréquemment. Sa veuve a confié un grand nombre de ses dessins, esquisses et peintures au musée de la ville.
Salon de l'automobile au Grand Palais à Paris, dessin de Sabattier, 1906.
SANDOZ Adolf Karol (né en 1845) Actif : 1889
Adolf Karl Sandoz est né à Odessa. Installé à Paris, il a fait les Beaux Arts et a été l’élève de Puvis de Chavannes. D’abord illustrateur de livres pour les librairies Hachette et Delagrave, il a commencé sa collaboration avec L’Illustration en 1889, avec des dessins de mode.
Date de décès non connue.
Date de décès non connue.
SCHMIED François-Louis (08/11/1873-1941) Actif : vers 1930
Peintre, illustrateur et graveur sur bois, François-Louis Schmied est né à Genève, dans une famille d’origine protestante. Son père, qui avait été colonel dans l’armée française en Algérie, souhaitait l’orienter vers le commerce. Pourtant, en 1890, François-Louis Schmied peut s’adonner à Genève à ses deux passions : la gravure sur bois, à laquelle il est initié par Alfred Martin, et la peinture, à l’Ecole Nationale des Beaux arts. Installé à Paris en 1895, il travaille d’abord comme graveur sur bois. Il illustre alors des feuilletons. Ses talents lui valent d’être remarqué par la Société du Livre contemporain qui le charge de graver les illustrations de Paul Jouve pour Le Livre de la jungle. François Louis Schmied a été l’élève de Bodmer, avant d’exposer à la Société nationale des Beaux-Arts, de 1904 à 1914, puis aux Artistes décorateurs. Il a travaillé avec Jean Durand.
Lorsque la Grande guerre éclate, il s’engage dans la légion étrangère mais une grave blessure à l’œil entraînera sa démobilisation. En 1917, il réalise des illustrations pour les Contes limousins. A partir de 1922, il devient son propre éditeur en conjuguant ses talents de graveur, de typographe, de relieur et d’imprimeur. Après avoir connu le succès pendant les années 1920, avec des dizaines d’ouvrages publiés pour le plus grand bonheur des bibliophiles, il devra fermer son atelier dans les années 1930. Il décide alors de s’installer au Maroc, à proximité de Marrakech. On trouve sa signature épisodiquement dans L’Illustration. Il a ainsi collaboré au numéro de Noël 1930 et, en 1937, il avait proposé un projet de couverture pour le numéro de Noël, non retenu. Par contre, ce même numéro comportait plusieurs de ses gouaches, extraites de Dans le sud marocain. Dans le Dictionnaire des contemporains (Tome III – 1939), on peut lire que « Parmi les décorateurs du livre d’après guerre, (il) fait figure de satrape. Il a su apporter dans les œuvres qu’il a établies avec une espèce d’autorité dictatoriale une splendeur orientale, une richesse d’inspiration, un amour du précieux qui peuvent le faire comparer à un Gustave Moreau de la bibliophilie ».
François-Louis Schmied est décédé à Tahanaout (Maroc).
Lorsque la Grande guerre éclate, il s’engage dans la légion étrangère mais une grave blessure à l’œil entraînera sa démobilisation. En 1917, il réalise des illustrations pour les Contes limousins. A partir de 1922, il devient son propre éditeur en conjuguant ses talents de graveur, de typographe, de relieur et d’imprimeur. Après avoir connu le succès pendant les années 1920, avec des dizaines d’ouvrages publiés pour le plus grand bonheur des bibliophiles, il devra fermer son atelier dans les années 1930. Il décide alors de s’installer au Maroc, à proximité de Marrakech. On trouve sa signature épisodiquement dans L’Illustration. Il a ainsi collaboré au numéro de Noël 1930 et, en 1937, il avait proposé un projet de couverture pour le numéro de Noël, non retenu. Par contre, ce même numéro comportait plusieurs de ses gouaches, extraites de Dans le sud marocain. Dans le Dictionnaire des contemporains (Tome III – 1939), on peut lire que « Parmi les décorateurs du livre d’après guerre, (il) fait figure de satrape. Il a su apporter dans les œuvres qu’il a établies avec une espèce d’autorité dictatoriale une splendeur orientale, une richesse d’inspiration, un amour du précieux qui peuvent le faire comparer à un Gustave Moreau de la bibliophilie ».
François-Louis Schmied est décédé à Tahanaout (Maroc).
SCHOELLER J Actif : 1942
L'équipage d'une péniche sur le Canal de Briare, 1897.
J. Schoeller a illustré de 4 dessins un article de Pierre Pinsseau sur "Le canal Henri-IV ou canal de Briare" (19 septembre 1942).
SCOTT (BERTIN Georges, dit) (10/06/1873-1943) Actif : 1892-1939
Touristes devant le Sphinx de Giseh, aquarelle de Scott, 1901.
Comme Sabattier, Georges Bertin, dit Scott ou Scott de Plagnolles, né à Paris, a accompli une très longue carrière à L’Illustration. Elève du peintre Edouard Détaille, il est lui aussi Sociétaire des artistes français hors-concours dès 1897. Après avoir été le condisciple, à l’Ecole alsacienne, de Marcel Baschet, frère de René Baschet et futur Grand prix de Rome, il est entré à L’Illustration en 1892, en publiant son premier dessin ("la catastrophe d’Anderlues") dans le numéro du 19 mars. Dans le numéro de Noël 1893, il aura droit à une première double page en couleur, pour reproduire sa composition "Aux halles centrales : après le réveillon," gravée par Rousseau. Son ultime dessin figure dans le n° du 30 décembre 1939. Le thème : l’équipage d’un bombardier avant le départ. Revues militaires, actualité politique, théâtre, fêtes, catastrophes en tout genre, grèves, inondations, tels sont quelques-uns des thèmes sur lesquels Scott exerce son talent.
Première Guerre mondiale, en Alsace, dessin de Scott, 1914.
Au delà du dessinateur, il est aussi un véritable globe-trotter, parcourant la Mandchourie, l’Argentine, les Balkans, le Maroc, l’Algérie ou encore la Hollande et l’Angleterre, pour y aiguiser son inspiration. Il est aussi correspondant de guerre en Chine et sur le Front Français, entre 1914 et 1918. En 1911, Adolphe Messimy, ministre de la guerre, qui avait refusé le projet d’uniforme vert réséda, sollicita Scott, en même temps que son mentor, le peintre militaire Edouard Détaille, pour qu’ils étudient les modifications à apporter aux tenues de soldats, tant pour la commodité que pour « l’élégance militaire ». Une partie des projets dessinés par Scott fut publiée dans L’Illustration en mars 1912. Cette même année, il reçut la Légion d’honneur. Durant la Grande guerre, Ses compositions patriotiques, depuis le célébrissime soldat s’écriant : "On ne passe pas !" (7 août 1914), émaillent les pages de la période de la grande guerre : « Quelques dessins se sont particulièrement gravés dans nos mémoires, écrit Jacques Baschet, dessins inspirés nerveux, vigoureux où l’artiste s’égale à l’historien, tels "Derrière la ligne de bataille", "Le gardien du créneau", "Nuit calme sous Douaumont", "Dernière vision", "En Alsace, dragons français chargeant" ». On lui doit aussi les portraits de quelques grands souverains ou dirigeants politiques comme Alexandre Ier de Yougoslavie, Pierre Ier de Serbie, Alphonse XIII, Georges V ou encore Franco. De par sa formation à l’atelier Detaille, Scott avait acquis une grande maîtrise dans la peinture militaire.
Dans sa monographie L’Illustration, vie et mort d’un journal (éd. Privat, 1987) Jean-Noël Marchandiau écrit : « Ses planches cocardières, qu’elles retracent des faits héroïques ou de simples épisodes vécus quotidiennement par le troupier, émeuvent le public, subliment son patriotisme. Le secret de Scott : des dessins inspirés, nerveux, vigoureux, marqués du sceau de l’atelier de Détaille. Il influença profondément plusieurs générations, plus fortement qu’aucun autre dessinateur de L’Illustration ». Scott est décédé en janvier 1943 et L’Illustration lui a rendu hommage dans son numéro du 23 janvier, sous la plume de Jacques Baschet qui conclut ainsi, en se penchant sur la dernière étape de sa carrière, après la grande guerre : « Pauvre Scott ! Son savoir, sa conscience, la sûreté de son métier n’étaient plus comme autrefois des gages de succès. Il ne voulut pas sacrifier aux improvisations actuelles. La nostalgie des pays de soleil, le besoin de fuir une époque qui ne le comprenait plus l’entraînèrent en Afrique. Il y fit de belles aquarelles que L’Illustration a reproduites. Car il faudrait encore, à l’actif de cet intarissable artiste, parler des paysages qu’au cours de ses randonnées il fixait et dont quelques-uns se retrouvent dans notre collection. Alors qu’il disparaît, nous saluons avec émotion ce grand collaborateur qui donna le meilleur de son art à L’Illustration, cet excellent ami, toujours cordial, dévoué, prêt à dépenser cette activité dynamique si essentielle à la vie d’un journal ».
La quatrième armée française à Strasbourg, aquarelle de Scott, 1918.
SEBILLE Albert (26/07/1874-09/06/1953) Actif : 1908-1940
Né à Marseille, Albert Sébille y a passé toute sa jeunesse et c’est là qu’il a reçu une formation aux Beaux Arts. Installé à Paris en 1894, il se spécialise dans la peinture narrative maritime, ce qui lui permet de devenir, en 1907, peintre officiel attaché au ministère de la marine. Albert Sebille a été lui aussi élève de Gérôme et sociétaire des artistes français. Sa spécialité, la peinture de la marine, lui a valu de confier de nombreux dessins et tableaux à l’Illustration, de 1908 à 1939. Après avoir participé à la Première Guerre mondiale, il poursuit sa collaboration avec la revue. C’est lui qui fut à la fois l’inspirateur et le maître d’œuvre du très bel album Histoire universelle de la marine, publié par les éditions de L’Illustration en 1934. Albert Sébille a aussi réalisé de nombreux dessins et affiches pour la Ligue Maritime. Durant la Seconde Guerre mondiale, il a eu en charge le Musée de la marine. Conseiller auprès de la Compagnie générale transatlantique, il a contribué à la décoration des carrés du Georges-Leygues, du Strasbourg et du Richelieu.
SEM (GOURSAT Georges, dit) (1863-1934) Actif : 1904-1932
Santos-Dumont, par Sem, 1901.
Avec Henriot et Cami, Sem, Georges Goursat pour l’état civil, fait partie des grands caricaturistes qui ont su égayer les colonnes de L’Illustration. Né à Périgueux, il était le fils d’un grand épicier de la ville. C’est d’ailleurs dans le magasin familial que Georges Goursat avait commencé par travailler, « débitant aux ménagères des kilos de sucre ou des sacs de pruneaux ». Ses premières collaborations journalistiques sont des dessins pour le Tourny Noël, une revue dans laquelle son père écrivait. De Bordeaux, il part pour Marseille où il donne des dessins à de petits journaux satiriques, avant de regagner Périgueux et de s’établir à Paris, peu avant 1900. Chez Maxim’s, il peut observer le Tout Paris qu’il va caricaturer. Les grandes premières théâtrales, les champs de courses ou les villes de villégiature, entre Riviera et côte normande, sont des champs d’observation pour l’artiste qui acquiert la célébrité : « Tous ceux qui avaient un nom, une notoriété, une silhouette connue, il les croquait. Aux Parisiens, s’ajoutaient les riches étrangers qui attendaient comme une consécration suprême d’avoir été admis à figurer dans un de ses albums », écrit Jean-Gabriel Domergue. Lucien et Sacha Guitry, Edmond Rostand, Henry Bataille, Edouard VII, Léopold Ier, Santos Dumont, Cécile Sorel ou Mistinguett ont eu les honneurs de son crayon. Sem a été un collaborateur actif de L’Illustration de 1904 à 1934, en lui confiant dessins et caricatures.
Dans le numéro du 27 mai 1911, l’artiste se définissait ainsi : « Je ne suis qu’un amateur qu’on a pris un peu au sérieux et, depuis que je m’amuse à « dessinailler », je n’ai jamais eu d’autres ambitions que de faire des gens ressemblants, avec les moyens sommaires dont je dispose. Les gens, selon leur humeur, me disent souvent : « Comme ce doit être amusant de voir tout, comme vous, sous un aspect comique ! ». D’autres, au contraire, se plaignent de voir tout en laid. Ils se trompent. Quand je regarde à froid, que mon crayon est au fourreau, mon œil au repos, j’ai une vision moyenne et normale. Je vois comme tout le monde. Il est donc nécessaire, quand je veux dessiner que j’entre d‘abord en excitation que j’arme mon œil. Avant tout, je dois comprendre le visage, je dois le débrouiller. Pour cela, je l’aborde humblement, avec précaution, j’en fais le tour et je l’explore, paralysé par le souci de l’exactitude (…). Quand (…) j’ai enfin appris par cœur ce visage, que je puis le dessiner tout entier de mémoire, alors affranchi du scrupule des détails, au mépris des proportions, je m’évade de ces vaines apparences. Bousculant, sabotant mes premiers croquis, mon œil libéré pénètre hardiment dans cette face, à la recherche des réalités plus profondes ».
Dans la même revue, datée du 18 novembre 1911, Sacha Guitry rendait déjà hommage à ce fin connaisseur du Tout Paris, capable de croquer avec exactitude ses contemporains : « Sem est une sorte de moustique. Il en a l’apparence physique, l’astuce, la férocité, la patience, la finesse et la mémoire. Doué d’un talent qui tient du prodige, il est le plus grand caricaturiste qui ait jamais existé ». Et le maître d’ajouter : « Ce petit bonhomme ridé, nerveux à l’extrême, craintif, et qui semble recroquevillé sur lui-même possède l’étonnante faculté de pouvoir saisir, avec une cruauté d’infirme, le trait saillant d’un visage et la forme générale d’un individu. Ses bonshommes marchent, causent, rient, pensent: il fait ce qu’il veut. Il est l’illustrateur d’une époque ». A propos des personnages et de leurs vêtements, il précisait qu’ils sont « si exacts qu’il serait impossible de se servir des mêmes pour deux personnages. Chaque type a son chapeau, son pardessus, sa démarche et sa façon de tenir son cigare ». De son côté, Jean Adhémar (Le dessin d’humour) note : « Il fut pendant la Belle époque le dessinateur mondain le plus en vue, partout invité et craint. Avoir sa charge par Sem était un honneur très recherché que partageaient les notoriétés du jour : Edmond Rostand, et Robert de Montesquiou, Rip et Max Dearly, Feydeau et Boni de Castellane ». Sem, qui a aussi donné de nombreux dessins au Cri de Paris et au Journal, est décédé à Paris, dans son « pigeonnier » du boulevard Lannes, le 26 novembre 1934, emporté par une embolie.
Dans le numéro du 27 mai 1911, l’artiste se définissait ainsi : « Je ne suis qu’un amateur qu’on a pris un peu au sérieux et, depuis que je m’amuse à « dessinailler », je n’ai jamais eu d’autres ambitions que de faire des gens ressemblants, avec les moyens sommaires dont je dispose. Les gens, selon leur humeur, me disent souvent : « Comme ce doit être amusant de voir tout, comme vous, sous un aspect comique ! ». D’autres, au contraire, se plaignent de voir tout en laid. Ils se trompent. Quand je regarde à froid, que mon crayon est au fourreau, mon œil au repos, j’ai une vision moyenne et normale. Je vois comme tout le monde. Il est donc nécessaire, quand je veux dessiner que j’entre d‘abord en excitation que j’arme mon œil. Avant tout, je dois comprendre le visage, je dois le débrouiller. Pour cela, je l’aborde humblement, avec précaution, j’en fais le tour et je l’explore, paralysé par le souci de l’exactitude (…). Quand (…) j’ai enfin appris par cœur ce visage, que je puis le dessiner tout entier de mémoire, alors affranchi du scrupule des détails, au mépris des proportions, je m’évade de ces vaines apparences. Bousculant, sabotant mes premiers croquis, mon œil libéré pénètre hardiment dans cette face, à la recherche des réalités plus profondes ».
Dans la même revue, datée du 18 novembre 1911, Sacha Guitry rendait déjà hommage à ce fin connaisseur du Tout Paris, capable de croquer avec exactitude ses contemporains : « Sem est une sorte de moustique. Il en a l’apparence physique, l’astuce, la férocité, la patience, la finesse et la mémoire. Doué d’un talent qui tient du prodige, il est le plus grand caricaturiste qui ait jamais existé ». Et le maître d’ajouter : « Ce petit bonhomme ridé, nerveux à l’extrême, craintif, et qui semble recroquevillé sur lui-même possède l’étonnante faculté de pouvoir saisir, avec une cruauté d’infirme, le trait saillant d’un visage et la forme générale d’un individu. Ses bonshommes marchent, causent, rient, pensent: il fait ce qu’il veut. Il est l’illustrateur d’une époque ». A propos des personnages et de leurs vêtements, il précisait qu’ils sont « si exacts qu’il serait impossible de se servir des mêmes pour deux personnages. Chaque type a son chapeau, son pardessus, sa démarche et sa façon de tenir son cigare ». De son côté, Jean Adhémar (Le dessin d’humour) note : « Il fut pendant la Belle époque le dessinateur mondain le plus en vue, partout invité et craint. Avoir sa charge par Sem était un honneur très recherché que partageaient les notoriétés du jour : Edmond Rostand, et Robert de Montesquiou, Rip et Max Dearly, Feydeau et Boni de Castellane ». Sem, qui a aussi donné de nombreux dessins au Cri de Paris et au Journal, est décédé à Paris, dans son « pigeonnier » du boulevard Lannes, le 26 novembre 1934, emporté par une embolie.
Dans L’Illustration datée du 8 décembre, Jean-Gabriel Domergue, qui lui consacre un long article ("Sem et son œuvre"), illustré d’une dizaine de dessins, écrit : « Avec lui disparaît un des derniers Parisiens de cette époque heureuse d’avant 1914 (…). Il était exquisément fin. Tous ses dessins, tous ses articles, car il savait écrire aussi, de la façon le plus incisive, étaient le reflet exact d’un temps vu à travers son œil en bouton de bottine, vif et fureteur (…). A travers ces lignes souriantes et désinvoltes, quelle conscience, quel amour du métier n’apparaissent pas ! Et quelle leçon aussi pour les « scribouilleurs » qui s’imaginent qu’il suffit de tracer trois coups de crayons pour faire un chef d’œuvre ! Le génie est une longue patience. Ce n’est pas Sem qui l’a dit, mais nul n’en était plus convaincu. Autant qu’une œuvre, Sem laissera une légende ».
Voeux par Sem, paru dans L'Illustration en 1914.
SEMEGHINI Defendi (1852-1891) Actif : 1882…1883
Defendi Semeghini est un dessinateur d’origine italienne, né à Nuovolato. Installé à Paris, il dessine pour l’éditeur Hachette et sa Bibliothèque rose. Il collabore aussi à L’Illustration dans les années 1881-1883. Defendi Semeghini a aussi travaillé pour l’Ecolier illustré.
SERRA Enrique Actif 1888
Enrique Serra a travaillé pour L’Illustration en 1888. Dans le numéro du 14 janvier, on trouve sa signature au bas d’un « dessin d’après nature » représentant « Le jubilé sacerdotal de Léon XIII ». Enrique Serra est qualifié de « correspondant particulier de L’Illustration ».
Dates de naissance et de décès non connues.
Dates de naissance et de décès non connues.
SIEW. Actif : 1891-1893
Dessinateur, Siew semble s’être spécialisé dans les dessins de mode pour L’Illustration, à laquelle il a collaboré dans les années 1890. Il donne des dessins pour des articles ponctuels comme "La mode, toilettes d’été" (27 mai 1893). Plus régulièrement, il illustre la chronique "La mode", rédigée par Violette ou par Fanfreluche.
Dates de naissance et de décès non connues.
Dates de naissance et de décès non connues.
SISS (WERTHEIMER Sigismond) (1897-1992)
Sigismond Wertheimer qui signait ses caricatures Siss, est né à Paris. Ses domaines de prédilection ont été le music-hall et la bourse, ainsi que le monde des courses. On trouve sa signature dans la presse quotidienne : Le Figaro, L’Aurore, Le Monde, après guerre, ou Paris-Midi, Le Petit Parisien et Paris Soir, avant guerre. Il a donné quelques dessins à L’Illustration.
SIMONT José (30/09/1875-1968) Actif : 1901-1921 et 1932-1944
Peintre et dessinateur d’origine espagnole, José Simont Guillèn a été un des principaux collaborateurs de L’Illustration, entre la Belle Epoque et les années 1940. José Simont, né à Barcelone, passe son enfance puis son adolescence à Valladolid, à Valence, à Alcala de Henares, à Madrid et, enfin, à La Corogne. Des changements de résidences qui s’expliquent par le métier de son père qui était sellier bourrelier pour l’armée, ce qui l’amenait à travailler pour divers régiments.
Très tôt, José Simont démontre qu’il a une réelle vocation artistique. Une fois acquises ses premières connaissances à La Corogne, sous la houlette du professeur Ramon Navarro, il retourne dans sa Barcelone natale. Après examen par Ramon Marti Alsina, il entre à la Escuela de la Lonja, l’académie que dirigeait le fils de ce dernier, Ricardo Marti, lequel était par ailleurs peintre. Elève préféré de Marti en raison de ses talents, José Simont considère, au bout de quelques années, que pour progresser il doit se rendre à Paris, ce qu’il fait durant l’hiver 1898. Il a alors vingt-trois ans. Les premiers mois parisiens sont des plus difficiles, mais il parvient assez rapidement à vendre des dessins à une publication pour enfants, intitulée Noël. Elle appartenait à La Maison de la Bonne presse, l’importante entreprise de presse catholique, qui publiait le journal La Croix et d’autres titres. Dans leurs pages, Simont donne la preuve de ses qualités et il commence à se faire un nom, dans le petit monde des dessinateurs de presse. Il est recruté par Le Monde Illustré, alors concurrent de L’Illustration, qui le charge de couvrir, en tant que reporter et dessinateur, les grands événements de l’époque.
L’exposition universelle de 1900 lui permet de mettre en valeur ses dessins, qui ne manquent pas d’attirer l’attention de L’Illustration. C’est Lucien Marc qui fait appel à lui en 1901. On lui propose un contrat inespéré : dessiner pour la revue, en exclusivité, pour 15.000 francs par an, exception faite des voyages et repas. Une proposition fabuleuse, à une époque où les journaux se vendaient 5 centimes et où les linotypistes, les ouvriers les plus qualifiés dans les imprimeries, gagnaient 10 francs par jour.
Dès lors, José Simont se retrouve confronté aux grands événements du monde. Il se rend ainsi en Martinique pour retranscrire par l’image le désastre provoqué par l’éruption volcanique de 1902. Il immortalisera sous son crayon la conférence d’Algésiras en 1906 : « Deux de nos collaborateurs sont partis directement de Paris, lit-on dans l’hebdomadaire. M. Simont, un de nos meilleurs dessinateurs, artiste habile et portraitiste scrupuleux, et M. Gustave Babin, le reporter que nous avions envoyé en 1905 à Odessa. Ils se réuniront à Algésiras à trois de nos correspondants ». Il donne aussi un panorama des grandes fêtes, ainsi que des événéments les plus variés, qu’ils se déroulent à Paris, à Londres ou à Berlin. La Grande guerre fait de lui le chroniqueur de ses horreurs, avec toujours un certain sens de l’humanité, qui tendait à exalter les vertus humaines. Ses talents lui vaudront aussi de collaborer, par la suite, à d’autres grandes revues illustrées européennes, comme The Illustrated London News et la Berliner Illustrierte Zeitung.
En 1921, alors qu’il n’était de passage à New York que pour quelques mois, il signe un contrat fabuleux avec la revue Collier’s qui lui assurait 10.000 dollars par an. Il devient le dessinateur attitré de la haute société nord américaine et il le restera jusqu’en 1932. De retour à Paris, il réintègre l’équipe de dessinateurs de L’Illustration à laquelle il donne, dès le 16 avril, une série de six dessins destinés à accompagner "Impressions d’Amérique", un texte de Lucie Delarue-Mardus. L’Etat français le distingue en lui décernant la Légion d’honneur, pour mérites et services rendus durant la Grande guerre. Alors qu’il semble que rien n’a changé pour lui, l’éclatement de la guerre civile espagnole, en 1936, va l’affecter profondément. José Simont s’inquiète du sort de toute sa parenté restée outre Pyrénées, une famille avec laquelle il avait maintenu des relations étroites. Celle-ci résidant à Madrid et à Barcelone se retrouve ainsi en première ligne des affrontements qui déchirent le pays durant trois ans.
Au moment de l’Exode, entre juin et septembre 1940, il suit l’équipe du journal qui se replie à Bordeaux puis à Clermont-Ferrand. On retrouve plusieurs de ses compositions dans les éditions de Bordeaux et de Clermont-Ferrand, dont la fameuse séance du 10 juillet 1940 au casino de Vichy. Avec André Galland, autre grand dessinateur de la maison, il compose les unes des numéros parus entre le 22 juin 1940 et le 14 septembre. Le tout premier numéro de Bordeaux affiche « Le maréchal Pétain, président du conseil ». Dans le suivant, il retranscrit « Le deuil national », après la cérémonie tenue en la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Une semaine plus tard, on peut découvrir sa fameuse image du vieux jardinier, appelant les Français « Au travail ». Certains y verront, non sans quelques raisons, l’image du maréchal Pétain. Le 27 juillet, il célèbre, toujours en couverture « L’école pour la patrie », avec les enfants rassemblés autour de leur instituteur. De l’école, il sera encore question dans l’ultime numéro de Clermont-Ferrand, paru le 14 septembre. Il s’agit d’illustrer la première rentrée scolaire d’après la défaite. On y voit des élèves attentifs aux paroles de leur instituteur qui a pris soin d’inscrire la formule du maréchal Pétain : « Je fais à la France le don de ma personne ». Dans la même série des numéros de l’exode, à formats réduits, on retrouve également sa signature dans les pages intérieures, ses compositions alternant avec celles d’André Galland.
Par ses dessins, José Simont se situe dans l’air du temps : comme la plupart des collaborateurs de L’Illustration, il veut « croire » dans le chef de l’Etat Français. C’est d’ailleurs lui qui réalisera le portrait en couleur du maréchal Pétain en uniforme, pour lequel L’Illustration avait ouvert une souscription dans son numéro du 10 mai 1941. Il s’agissait d’un portrait en quadrichromie (670 X 440 mm), proposé au prix de 15 francs. En visite au stand de L’Illustration, à la Foire de Lyon en octobre 1941, le chef de l’Etat français ne manquera pas de saluer l’équipe de l’hebdomadaire. En mars 1942, il illustre de 8 dessins l’article de Paul-Emile Cadilhac sur Vichy, capitale de la France (7 mars).
José Simont se détachera progressivement des questions de politique et il passera les dernières années d’occupation comme simple réfugié à Lyon, où il organise quelques expositions, en même temps qu’il réalise des portraits pour honorer des commandes. On lui doit ainsi un portrait de Denis Baschet, fils de Louis Baschet. Il continue toutefois à donner des œuvres à L’Illustration jusqu’en 1943. Le 30 mai 1942, 8 aquarelles viennent rehausser un article d’Albéric Cahuet, publié à titre posthume. Intitulé "Un musée comme chez soi", il traite du musée des arts décoratifs de Lyon, à l’hôtel de Lacroix-Laval. L’année suivante, il donne une série de 6 aquarelles pour accompagner un article d’André Chaigny sur "Septème, Carcassonne du Viennois", (9 octobre 1943). Enfin, en 1944, il réalise un "Portrait du docteur Locard", (1/8 janvier), ainsi que des dessins aquarellés ("Les servantes des pauvres malades : L’Hôtel-Dieu de Lyon", 12/19 février) qui accompagnent un texte de Paul-Emile Cadilhac).
En 1947, José Simont a dépassé les 70 ans, mais son esprit et sa vigueur créatrice sont toujours intacts. Il décide alors de retourner en Espagne. Il réside à Barcelone où il organise deux expositions, d’abord à la Galerie Syra, en 1951 et en 1958, puis à Madrid. Dans la capitale, il participe au Salon national du dessin, au cours duquel on lui remettra le crayon d’or. Des dessinateurs madrilènes lui feront obtenir la Croix d’Alphonse X, le Sage. Par la suite, en 1962, à la demande d’une de ses filles qui vivait à Caracas, il se rend au Venezuela et c’est là qu’il vit des dernières années, en compagnie de son épouse, après avoir rendu visite à son fils et à son autre fille qui résidaient aux Etats-Unis. La mort l’emportera le 19 novembre 1968, à l’âge de 93 ans.
Comme André Galland ou encore Géo Ham, José Simont aura marqué durablement de son empreinte les pages du magazine. En Europe, comme aux Etats-Unis, Simont fut un des plus prestigieux dessinateurs et illustrateurs pendant les quatre premières décennies du XXe siècle. Les familles royales, les chefs d’états, les hommes politiques les plus célèbres, les membres de la haute bourgeoisie se sont plus à voir leur image retranscrite par le trait sûr du crayon de Simont. Son style habile et fonctionnel, tout empreint de précision dans la recherche du détail, en fait un des meilleurs représentants, à l’échelle internationale, des dessinateurs de presse. Pour les magazines qui l’ont employé, sa signature garantissait une haute qualité artistique dans la traduction par l’image des scènes qu’il captait ainsi que dans le mouvement de la vie qu’il savait donner à la silhouette humaine. Ce faisant, il participait aussi au prestige des publications auxquelles il collaborait. Par son talent, il a donné un large témoignage des grands faits qu’il traduisait par l’image, en donnant à montrer des événements auxquels ne participait qu’une minorité des personnes, à la fois riches et influentes. Simont était, sans le savoir, le dernier des grands dessinateurs pour périodiques et il fut rattrapé par les progrès techniques qui profitèrent à la photographie d’actualité.
Le grand dessinateur tomba dans l’oubli. Un oubli toutefois non définitif. Depuis quelques années, son pays natal semble s’intéresser à lui. En 1990, la Galeria del Cisne, à Madrid, lui a consacré une exposition et, pour l’occasion Josep Cadena a brièvement retracé sa carrière dans une plaquette illustrée, Josep Simont (1875-1968), à laquelle ont été empruntés de nombreux détails de cette notice. Plus récemment, dans un ouvrage collectif consacré aux Voyages et séjours d'Espagnols et d'Hispano-Américains en France, figure une étude de Fr. Mourier-Martinez : José Simont Guillén : Batallas pintadas de la primera guerra mundial. (Publications de l'Université de Tours, Etudes hispaniques, Tours, 1982, 191 pages). Enfin, il existe une biographie de José Simont. Rédigée par Salvador Escala Romeu, elle est seulement disponible en catalan : El dibuixant Josep Simont i Guillén (1875-1968), reporter gràfic de la I Guerra Mundial. Un dibuixant d'actualitats a l'època de la naixent fotografia de reportage. (Le dessinateur José Simont Guillen, reporter graphique de la première guerre mondiale. Un dessinateur d’actualités à l’époque de la naissance de la photographie de reportage) (éditions Rafael Dalmau, Barcelona, 2002, 163 pages, illustrations).
Très tôt, José Simont démontre qu’il a une réelle vocation artistique. Une fois acquises ses premières connaissances à La Corogne, sous la houlette du professeur Ramon Navarro, il retourne dans sa Barcelone natale. Après examen par Ramon Marti Alsina, il entre à la Escuela de la Lonja, l’académie que dirigeait le fils de ce dernier, Ricardo Marti, lequel était par ailleurs peintre. Elève préféré de Marti en raison de ses talents, José Simont considère, au bout de quelques années, que pour progresser il doit se rendre à Paris, ce qu’il fait durant l’hiver 1898. Il a alors vingt-trois ans. Les premiers mois parisiens sont des plus difficiles, mais il parvient assez rapidement à vendre des dessins à une publication pour enfants, intitulée Noël. Elle appartenait à La Maison de la Bonne presse, l’importante entreprise de presse catholique, qui publiait le journal La Croix et d’autres titres. Dans leurs pages, Simont donne la preuve de ses qualités et il commence à se faire un nom, dans le petit monde des dessinateurs de presse. Il est recruté par Le Monde Illustré, alors concurrent de L’Illustration, qui le charge de couvrir, en tant que reporter et dessinateur, les grands événements de l’époque.
L’exposition universelle de 1900 lui permet de mettre en valeur ses dessins, qui ne manquent pas d’attirer l’attention de L’Illustration. C’est Lucien Marc qui fait appel à lui en 1901. On lui propose un contrat inespéré : dessiner pour la revue, en exclusivité, pour 15.000 francs par an, exception faite des voyages et repas. Une proposition fabuleuse, à une époque où les journaux se vendaient 5 centimes et où les linotypistes, les ouvriers les plus qualifiés dans les imprimeries, gagnaient 10 francs par jour.
Dès lors, José Simont se retrouve confronté aux grands événements du monde. Il se rend ainsi en Martinique pour retranscrire par l’image le désastre provoqué par l’éruption volcanique de 1902. Il immortalisera sous son crayon la conférence d’Algésiras en 1906 : « Deux de nos collaborateurs sont partis directement de Paris, lit-on dans l’hebdomadaire. M. Simont, un de nos meilleurs dessinateurs, artiste habile et portraitiste scrupuleux, et M. Gustave Babin, le reporter que nous avions envoyé en 1905 à Odessa. Ils se réuniront à Algésiras à trois de nos correspondants ». Il donne aussi un panorama des grandes fêtes, ainsi que des événéments les plus variés, qu’ils se déroulent à Paris, à Londres ou à Berlin. La Grande guerre fait de lui le chroniqueur de ses horreurs, avec toujours un certain sens de l’humanité, qui tendait à exalter les vertus humaines. Ses talents lui vaudront aussi de collaborer, par la suite, à d’autres grandes revues illustrées européennes, comme The Illustrated London News et la Berliner Illustrierte Zeitung.
En 1921, alors qu’il n’était de passage à New York que pour quelques mois, il signe un contrat fabuleux avec la revue Collier’s qui lui assurait 10.000 dollars par an. Il devient le dessinateur attitré de la haute société nord américaine et il le restera jusqu’en 1932. De retour à Paris, il réintègre l’équipe de dessinateurs de L’Illustration à laquelle il donne, dès le 16 avril, une série de six dessins destinés à accompagner "Impressions d’Amérique", un texte de Lucie Delarue-Mardus. L’Etat français le distingue en lui décernant la Légion d’honneur, pour mérites et services rendus durant la Grande guerre. Alors qu’il semble que rien n’a changé pour lui, l’éclatement de la guerre civile espagnole, en 1936, va l’affecter profondément. José Simont s’inquiète du sort de toute sa parenté restée outre Pyrénées, une famille avec laquelle il avait maintenu des relations étroites. Celle-ci résidant à Madrid et à Barcelone se retrouve ainsi en première ligne des affrontements qui déchirent le pays durant trois ans.
Au moment de l’Exode, entre juin et septembre 1940, il suit l’équipe du journal qui se replie à Bordeaux puis à Clermont-Ferrand. On retrouve plusieurs de ses compositions dans les éditions de Bordeaux et de Clermont-Ferrand, dont la fameuse séance du 10 juillet 1940 au casino de Vichy. Avec André Galland, autre grand dessinateur de la maison, il compose les unes des numéros parus entre le 22 juin 1940 et le 14 septembre. Le tout premier numéro de Bordeaux affiche « Le maréchal Pétain, président du conseil ». Dans le suivant, il retranscrit « Le deuil national », après la cérémonie tenue en la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Une semaine plus tard, on peut découvrir sa fameuse image du vieux jardinier, appelant les Français « Au travail ». Certains y verront, non sans quelques raisons, l’image du maréchal Pétain. Le 27 juillet, il célèbre, toujours en couverture « L’école pour la patrie », avec les enfants rassemblés autour de leur instituteur. De l’école, il sera encore question dans l’ultime numéro de Clermont-Ferrand, paru le 14 septembre. Il s’agit d’illustrer la première rentrée scolaire d’après la défaite. On y voit des élèves attentifs aux paroles de leur instituteur qui a pris soin d’inscrire la formule du maréchal Pétain : « Je fais à la France le don de ma personne ». Dans la même série des numéros de l’exode, à formats réduits, on retrouve également sa signature dans les pages intérieures, ses compositions alternant avec celles d’André Galland.
Par ses dessins, José Simont se situe dans l’air du temps : comme la plupart des collaborateurs de L’Illustration, il veut « croire » dans le chef de l’Etat Français. C’est d’ailleurs lui qui réalisera le portrait en couleur du maréchal Pétain en uniforme, pour lequel L’Illustration avait ouvert une souscription dans son numéro du 10 mai 1941. Il s’agissait d’un portrait en quadrichromie (670 X 440 mm), proposé au prix de 15 francs. En visite au stand de L’Illustration, à la Foire de Lyon en octobre 1941, le chef de l’Etat français ne manquera pas de saluer l’équipe de l’hebdomadaire. En mars 1942, il illustre de 8 dessins l’article de Paul-Emile Cadilhac sur Vichy, capitale de la France (7 mars).
José Simont se détachera progressivement des questions de politique et il passera les dernières années d’occupation comme simple réfugié à Lyon, où il organise quelques expositions, en même temps qu’il réalise des portraits pour honorer des commandes. On lui doit ainsi un portrait de Denis Baschet, fils de Louis Baschet. Il continue toutefois à donner des œuvres à L’Illustration jusqu’en 1943. Le 30 mai 1942, 8 aquarelles viennent rehausser un article d’Albéric Cahuet, publié à titre posthume. Intitulé "Un musée comme chez soi", il traite du musée des arts décoratifs de Lyon, à l’hôtel de Lacroix-Laval. L’année suivante, il donne une série de 6 aquarelles pour accompagner un article d’André Chaigny sur "Septème, Carcassonne du Viennois", (9 octobre 1943). Enfin, en 1944, il réalise un "Portrait du docteur Locard", (1/8 janvier), ainsi que des dessins aquarellés ("Les servantes des pauvres malades : L’Hôtel-Dieu de Lyon", 12/19 février) qui accompagnent un texte de Paul-Emile Cadilhac).
En 1947, José Simont a dépassé les 70 ans, mais son esprit et sa vigueur créatrice sont toujours intacts. Il décide alors de retourner en Espagne. Il réside à Barcelone où il organise deux expositions, d’abord à la Galerie Syra, en 1951 et en 1958, puis à Madrid. Dans la capitale, il participe au Salon national du dessin, au cours duquel on lui remettra le crayon d’or. Des dessinateurs madrilènes lui feront obtenir la Croix d’Alphonse X, le Sage. Par la suite, en 1962, à la demande d’une de ses filles qui vivait à Caracas, il se rend au Venezuela et c’est là qu’il vit des dernières années, en compagnie de son épouse, après avoir rendu visite à son fils et à son autre fille qui résidaient aux Etats-Unis. La mort l’emportera le 19 novembre 1968, à l’âge de 93 ans.
Comme André Galland ou encore Géo Ham, José Simont aura marqué durablement de son empreinte les pages du magazine. En Europe, comme aux Etats-Unis, Simont fut un des plus prestigieux dessinateurs et illustrateurs pendant les quatre premières décennies du XXe siècle. Les familles royales, les chefs d’états, les hommes politiques les plus célèbres, les membres de la haute bourgeoisie se sont plus à voir leur image retranscrite par le trait sûr du crayon de Simont. Son style habile et fonctionnel, tout empreint de précision dans la recherche du détail, en fait un des meilleurs représentants, à l’échelle internationale, des dessinateurs de presse. Pour les magazines qui l’ont employé, sa signature garantissait une haute qualité artistique dans la traduction par l’image des scènes qu’il captait ainsi que dans le mouvement de la vie qu’il savait donner à la silhouette humaine. Ce faisant, il participait aussi au prestige des publications auxquelles il collaborait. Par son talent, il a donné un large témoignage des grands faits qu’il traduisait par l’image, en donnant à montrer des événements auxquels ne participait qu’une minorité des personnes, à la fois riches et influentes. Simont était, sans le savoir, le dernier des grands dessinateurs pour périodiques et il fut rattrapé par les progrès techniques qui profitèrent à la photographie d’actualité.
Le grand dessinateur tomba dans l’oubli. Un oubli toutefois non définitif. Depuis quelques années, son pays natal semble s’intéresser à lui. En 1990, la Galeria del Cisne, à Madrid, lui a consacré une exposition et, pour l’occasion Josep Cadena a brièvement retracé sa carrière dans une plaquette illustrée, Josep Simont (1875-1968), à laquelle ont été empruntés de nombreux détails de cette notice. Plus récemment, dans un ouvrage collectif consacré aux Voyages et séjours d'Espagnols et d'Hispano-Américains en France, figure une étude de Fr. Mourier-Martinez : José Simont Guillén : Batallas pintadas de la primera guerra mundial. (Publications de l'Université de Tours, Etudes hispaniques, Tours, 1982, 191 pages). Enfin, il existe une biographie de José Simont. Rédigée par Salvador Escala Romeu, elle est seulement disponible en catalan : El dibuixant Josep Simont i Guillén (1875-1968), reporter gràfic de la I Guerra Mundial. Un dibuixant d'actualitats a l'època de la naixent fotografia de reportage. (Le dessinateur José Simont Guillen, reporter graphique de la première guerre mondiale. Un dessinateur d’actualités à l’époque de la naissance de la photographie de reportage) (éditions Rafael Dalmau, Barcelona, 2002, 163 pages, illustrations).
Sarah Bernhardt dans Athalie, dessin de Simont, 1920.
SLOM (SLOMSZYNSKI André, dit) (mort en 1909) Actif : 1880-1890
Peintre et dessinateur né en Pologne, André Slomszynski, dit Slom, a travaillé pour plusieurs revues françaises, dont L’Illustration dans les années 1880-1890. En juillet 1887, avec Eugène Burnand, autre dessinateur maison, il est « envoyé spécial de L’Illustration à Genève » pour y rendre compte par l’image et le texte du « tir fédéral suisse », la grande fête nationale helvétique. On retrouve sa signature au bas de plusieurs dessins publiés en 1889, lors de l’exposition universelle sur des thèmes tels que la Tour Eiffel, l’exposition coloniale à l’esplanade des Invalides ou la Porte d’entrée du quai d’Orsay. Slom est décédé à Paris en 1909.
SMEETON Burn, Graveur sur bois. Actif : 1843 – 1875
Graveur sur bois, né en Angleterre, Smeeton a collaboré à L’Illustration dès ses débuts jusqu’aux années 1870 et peut-être au-delà, puisque l’on trouve la signature Smeeton-Breynat au bas des illustrations encore en 1882. Il a également travaillé à l’Art et au Magasin pittoresque. Il a illustré aussi bien le second empire que l’exposition universelle de 1867 ou la guerre de 1870-1871.
Dates de naissance et de décès non connues.
Dates de naissance et de décès non connues.
STEINLEN Théophile-Alexandre (20/11/1859-1923) Actif : 1890-1910
Né à Lausanne, Théophile Steinlen cumulait des talents de peintre, d’illustrateur, de graveur, d’affichiste et de sculpteur. Après des études « sans éclat», ni véritable vocation, il renonce à la théologie pour travailler à Mulhouse, dans une fabrique d’indiennes, après un passage par les Beaux-arts de Lausanne. Il s’y initie à la composition de modèles pour tissus. Il s’installe ensuite à Paris ou il collabore dès 1882, en tant que journaliste, au Chat Noir, dirigé par Rodolphe Salis. On retrouve sa signature dans plusieurs publications humoristiques ou satiriques, telles que Le Mirliton de Bruant (1885-1892), Le Chambard, La caricature, Le Journal des humoristes ou Le Gil Blas illustré. Dans cette dernière revue, il donne une grande page chaque semaine pour illustrer des contes de Maupassant, des textes de Zola ou des vers de Richepin. Il illustre également les poèmes de Jehan Rictus.
A partir de 1898, il réalise des affiches qui vont lui donner une notoriété certaine. A force de dessiner le petit peuple de Montmartre, « une âme de libertaire se forme en lui. Il a besoin de venger ceux qu’il plaint, de s’affirmer du parti des faibles, et son dessin devient de plus en plus satirique », écrit Jacques Baschet dans L’Illustration du 22 décembre 1923. Steinlen pousse donc tout naturellement la porte de L’Assiette au beurre et du Rire. On retrouve ses œuvres régulièrement dans L’Illustration, notamment dans la période 1890 – 1910. Naturalisé français, il porte un regard parfois critique sur la grande guerre en donnant « des dessins pathétiques, établis à grands coups de fusain comme "La victoire en chantant". Il se plaît à représenter les permissionnaires errant autour des gares, en attente d’un train qui va les ramener vers la boue des tranchées. Parmi ses autres compositions, sur le même thème, on peut citer les convalescents, les vieux territoriaux moustachus, les réfugiés ou encore les fuyards dans leurs hardes. Peu de temps avant son décès survenu à Paris le décembre 1923, il avait préparé des illustrations pour l’Ile des Pingouins, pour les Fables de la Fontaine, ainsi que pour Gueux et vagabonds, de Jules Renard. « Son œuvre n’a ni l’ampleur, ni le caractère, ni l’accent de celle de Forain, à laquelle elle s’apparente, écrit un peu sévèrement Jacques Baschet. Pourtant, il n’a pas eu la renommée qu’il méritait. Ce fut un peu sa faute, au moins la conséquence de son indifférence à toutes les conventions sociales. Il fut un solitaire, à l’écart de tous les mouvements, de toutes le coteries ». En conclusion, Jacques Baschet écrit : « Figure de philosophe, de révolté, d’apôtre ? Il y avait de tout cela en lui, vers la fin de sa vie, mais toujours il fut un sensible dont le cœur était prêt à recueillir la souffrance des autres ».
A consulter : Philippe Kaenel, Catherine Lepdon, Théophile-Alexandre Steinlen : l’œil de la rue, éditions Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 224 p, illustrations en couleur.
Cette monographie réunit les œuvres célèbres de Steinlen, entre 1880 et 1920, en révélant les différentes facettes de l’artiste : caricaturiste, illustrateur, affichiste, peintre et même sculpteur.
Jean Paul Perrin
A partir de 1898, il réalise des affiches qui vont lui donner une notoriété certaine. A force de dessiner le petit peuple de Montmartre, « une âme de libertaire se forme en lui. Il a besoin de venger ceux qu’il plaint, de s’affirmer du parti des faibles, et son dessin devient de plus en plus satirique », écrit Jacques Baschet dans L’Illustration du 22 décembre 1923. Steinlen pousse donc tout naturellement la porte de L’Assiette au beurre et du Rire. On retrouve ses œuvres régulièrement dans L’Illustration, notamment dans la période 1890 – 1910. Naturalisé français, il porte un regard parfois critique sur la grande guerre en donnant « des dessins pathétiques, établis à grands coups de fusain comme "La victoire en chantant". Il se plaît à représenter les permissionnaires errant autour des gares, en attente d’un train qui va les ramener vers la boue des tranchées. Parmi ses autres compositions, sur le même thème, on peut citer les convalescents, les vieux territoriaux moustachus, les réfugiés ou encore les fuyards dans leurs hardes. Peu de temps avant son décès survenu à Paris le décembre 1923, il avait préparé des illustrations pour l’Ile des Pingouins, pour les Fables de la Fontaine, ainsi que pour Gueux et vagabonds, de Jules Renard. « Son œuvre n’a ni l’ampleur, ni le caractère, ni l’accent de celle de Forain, à laquelle elle s’apparente, écrit un peu sévèrement Jacques Baschet. Pourtant, il n’a pas eu la renommée qu’il méritait. Ce fut un peu sa faute, au moins la conséquence de son indifférence à toutes les conventions sociales. Il fut un solitaire, à l’écart de tous les mouvements, de toutes le coteries ». En conclusion, Jacques Baschet écrit : « Figure de philosophe, de révolté, d’apôtre ? Il y avait de tout cela en lui, vers la fin de sa vie, mais toujours il fut un sensible dont le cœur était prêt à recueillir la souffrance des autres ».
A consulter : Philippe Kaenel, Catherine Lepdon, Théophile-Alexandre Steinlen : l’œil de la rue, éditions Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 224 p, illustrations en couleur.
Cette monographie réunit les œuvres célèbres de Steinlen, entre 1880 et 1920, en révélant les différentes facettes de l’artiste : caricaturiste, illustrateur, affichiste, peintre et même sculpteur.
Jean Paul Perrin