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ZUCCA André (1897-1973) Actif : 1940-1944

André Zucca est photographe à L’Illustration et il y rédige quelques articles. Il est né à Paris, d’une mère couturière d’origine piémontaise et d’un père brodeur qui ne l’a pas reconnu. Entre 14 et 17 ans, il vit à New York, en compagnie de sa mère. Rentré en France en 1915, il s’engage dans l’armée française. Blessé pendant les combats, il est décoré de la Croix de guerre. La paix revenue, il s’oriente vers la photographie en travaillant pour Comoedia, une revue dédiée au théâtre et au cinéma. En 1933, il épouse la comédienne Irène Dié (19098-1963) qui lui donne deux enfants, dont le cinéaste Pierre Zucca (1943-1995). Le couple s’installe à Montmartre. Epris d’aventure, André Zucca rêve de grands reportages. L’occasion lui en est donnée dans les années 1935-1936. Il parcourt l’Italie, la Grèce, la Yougoslavie et pousse jusqu’en Chine et au Japon, en passant par l’Inde. Aux côtés de Joseph Kessel, parfois, mais travaillant le plus souvent en indépendant, il vend ses reportages aussi bien à Paris-Soir et Match, de Jean Prouvost, qu’aux américains Life ou Picture Post. L’Illustration publie également quelques unes de ses photos avant la guerre.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est correspondant de guerre sur le front de Carélie, en Finlande, suivant l’armée finlandaise qui fait face aux attaques soviétiques. Début 1940, il est de retour en France et retrouve Joseph Kessel, avec lequel il fait équipe pour décrire la Drôle de guerre puis la bataille de France, pour les lecteurs de Paris Soir. Sous l’Occupation, il devient à compter du 1er janvier 1941 le correspondant exclusif du journal allemand Signal, une édition spéciale de la Berliner Illustrierte Zeitung, diffusée en plusieurs langues. Il participe à la publication de 30 numéros, le dernier en date étant le n° 10 de l’année 1944. Il n’en continue pas moins à fournir des photos à L’Illustration qui en publie plus de 145 pour les seules années 1940-1941. Dans un numéro, figure un article dans lequel Zucca est soumis aux crayons du dessinateur et peintre Serge Ivanoff, tandis que ce dernier est placé sous l’œil de l’objectif de Zucca. Durant cette période, il obtient des autorités allemandes de rouleaux de pellicules Agfacolor qui lui permettent de photographier la capitale et ses habitants entièrement en couleur. On lui reproche d’avoir donné de l’Occupation et de la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme une image jugée trop positive, ignorant presque délibérément les persécutions.

A la libération, comme d’autres photographes, il doit rendre des comptes et il est arrêté dès octobre 1944 pour « collaboration avec l’ennemi et atteinte à la sûreté extérieure de l’état ». Il est relâché sur intervention d’un colonel, adjoint au général de Lattre de Tassigny et il bénéficie d’un classement sans suite de son affaire, le 8 octobre 1945. En mai 1945, il avait déjà quitté la capitale pour s’installer à Dreux. Sous le pseudonyme de Piernic, il y tient une petite boutique de photographe pour familles, mariages et communions. Son commerce fait faillite en 1965 et il regagne Paris. Il meurt dans le quartier de Montmatre en 1973. Ses photos ont fait l’objet d’une première exploitation, lors de la publication de divers ouvrages sur la vie à Paris sous l’Occupation. L’ensemble de la collection a été racheté à ses héritiers en 1986 par la Bibliothèque historique de la ville de Paris. En 2008, André Zucca est revenu sous les feux de l’actualité : à partir de 200 photos sélectionnées, la Bibliothèque historique a organisé une exposition, Les Parisiens sous l’Occupation, qui a suscité des polémiques. D’aucuns ont reproché aux organisateurs de ne pas avoir suffisamment souligné les conditions dans lesquelles elles avaient été prises. En fait, il semble que peu d’entre elles ont été insérées dans le magazine allemand Signal.

A consulter : Un album a été publié, à l’occasion de l’exposition de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, avec une préface de l’historien Jean-Pierre Azéma (Les Parisiens sous l’Occupation, éd. Gallimard, 2008).

Jean Paul Perrin