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C'est un dîner où l'on cause.
UNE DAME, en pleine trentaine. — Nous pouvons bien le déclarer à présent : si nous avions voté, les élections auraient été excellentes...
LE JEUNE MONSIEUR, à sa droite. — Meilleures, oui.
LE VIEUX MONSIEUR, à sa gauche. — Ou pires.
LA DAME, à celui-là. — Oh! Vous n'êtes pas pour le vote des femmes?
LE VIEUX MONSIEUR. — Non, madame.
LE JEUNE MONSIEUR. — Moi, je suis.
LA DAME. — A la bonne heure!
LE VIEUX MONSIEUR. — C'est de son âge.
LA DAME. — Et pourquoi n'êtes-vous pas?
LE VIEUX MONSIEUR. — Que votre jeune électeur dise d'abord pourquoi il est... Après, moi, je dirai...
LA DAME. — Soit ! Voilà qui nous promet un joli menu.
LE VIEUX MONSIEUR. — Plein de hors-d’œuvre.
LA DAME, au jeune monsieur. — Commencez donc... puisque monsieur finit.
LE VIEUX MONSIEUR. — Hélas!
LE JEUNE MONSIEUR. — Je suis pour le vote des femmes parce qu'avant tout la femme... (Il cherche un peu.) est la femme...
LE VIEUX MONSIEUR. — Très juste.
LA DAME. — Oh ! pas d'interruption !
LE VIEUX MONSIEUR. — J'approuvais. Je ne le ferai plus.
LE JEUNE MONSIEUR. — ...et qu'il me paraît monstrueux de refuser à l'être le plus aimable, le plus beau, le plus intelligent de la création...
LA DAME. — Oui... mais vous auriez pu mettre le plus intelligent en premier.
LE JEUNE MONSIEUR. — Vous m'auriez reproché de mettre l'amour et la beauté en second...
LE VIEUX MONSIEUR. — Oh! si on marivaude à bulletin ouvert... alors je demande à en être.
LA DAME. — Oui... Votons! votons!
LE VIEUX MONSIEUR. — Aux urnes! (Il boit.)
LE JEUNE MONSIEUR. — Je vais dire des choses sérieuses. Je ne vois au vote des femmes que des avantages. Considérables. La femme représente, dans la société, d'une façon générale, l'élément pondéré, la sagesse, la prudence, la raison, l'ordre social...
LE JEUNE MONSIEUR. — H... h... h... h... h...
LA DAME. — Quoi?
LE VIEUX MONSIEUR. — Une bouchée de travers.
LE JEUNE MONSIEUR. — Presque toujours, dans le ménage, c'est elle qui sait le prix des choses et de la vie, qui compte, calcule, envisage, économise, prévoit, pense...
LE VIEUX MONSIEUR. — Dépense... Pardon! Ça m'a échappé !
LA DAME. — Si vous ne pouvez plus vous retenir. (Au jeune monsieur.) Continuez...
LE JEUNE MONSIEUR. — Elle est la compagne, le soutien et même le guide de l'homme... elle est sa moitié...
LE VIEUX MONSIEUR. — Sa douce...
LE JEUNE MONSIEUR. — Elle a tous les devoirs qu'on lui réclame, impitoyablement.
LA DAME. — Oui... Ah oui!
LE JEUNE MONSIEUR. — Pourquoi n'aurait-elle pas aussi...
LE VIEUX MONSIEUR. — Tous les droits?
LA DAME. — Sans doute !
LE JEUNE MONSIEUR. — Non.
LA DAME. — Comment. Non?
LE JEUNE MONSIEUR. — Quelques-uns seulement...
LA DAME. — Vous êtes rat.
LE JEUNE MONSIEUR. — ...mais les plus nobles ! les plus sacrés ! les plus légitimes !... Le droit de vote est le premier de tous. L'esprit féminin, le point de vue féminin, ne veulent pas être méconnus et passés sous silence. L'épouse, la mère, l'aïeule, ont un mot à dire...
LE VIEUX MONSIEUR. — Rien qu'un?
LE JEUNE MONSIEUR. qui se plaît à s'entendre. — La main de la femme vaut celle de l'homme. Comme la main masculine, elle porte l'anneau nuptial, et elle ne boude pas plus qu'elle à la besogne... La couture, les soins du ménage... les plus fatigants et durs travaux l'éprouvent, l'ennoblissent...
LA VOIX BASSE D'UN VERSEUR. — Château- Yquem 83.
LE JEUNE MONSIEUR. — Non... Ah ! si !... (Mais le verseur est loin déjà.)
LE VIEUX MONSIEUR. — Trop tard. Voilà ce que c'est que de...
LE JEUNE MONSIEUR. — ... Pourquoi donc priver cette admirable et secourable main du bulletin de vote ?... quand on lui permet le chiffon?
Pourquoi l'homme, à l'heure du scrutin, retire-t-il aussitôt la sienne, sa main généreuse, de celle de sa compagne, alors qu'au contraire c'est les doigts unis et mêlés qu'ils devraient aller tous deux, lui et la créature qu'il a choisie, l'être d'élection, remplir à la maison communale leur devoir civil?
LE VIEUX MONSIEUR. — Oh ! Présentez-vous... Présentez-vous aux prochaines... Vite. Vous avez ce qu'il faut.
LE JEUNE MONSIEUR. — Vous croyez? Je ne dis pas non. Enfin la femme apporterait, par son vote, ... / ...
La suite c'est ici !
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UNE DAME, en pleine trentaine. — Nous pouvons bien le déclarer à présent : si nous avions voté, les élections auraient été excellentes...
LE JEUNE MONSIEUR, à sa droite. — Meilleures, oui.
LE VIEUX MONSIEUR, à sa gauche. — Ou pires.
LA DAME, à celui-là. — Oh! Vous n'êtes pas pour le vote des femmes?
LE VIEUX MONSIEUR. — Non, madame.
LE JEUNE MONSIEUR. — Moi, je suis.
LA DAME. — A la bonne heure!
LE VIEUX MONSIEUR. — C'est de son âge.
LA DAME. — Et pourquoi n'êtes-vous pas?
LE VIEUX MONSIEUR. — Que votre jeune électeur dise d'abord pourquoi il est... Après, moi, je dirai...
LA DAME. — Soit ! Voilà qui nous promet un joli menu.
LE VIEUX MONSIEUR. — Plein de hors-d’œuvre.
LA DAME, au jeune monsieur. — Commencez donc... puisque monsieur finit.
LE VIEUX MONSIEUR. — Hélas!
LE JEUNE MONSIEUR. — Je suis pour le vote des femmes parce qu'avant tout la femme... (Il cherche un peu.) est la femme...
LE VIEUX MONSIEUR. — Très juste.
LA DAME. — Oh ! pas d'interruption !
LE VIEUX MONSIEUR. — J'approuvais. Je ne le ferai plus.
LE JEUNE MONSIEUR. — ...et qu'il me paraît monstrueux de refuser à l'être le plus aimable, le plus beau, le plus intelligent de la création...
LA DAME. — Oui... mais vous auriez pu mettre le plus intelligent en premier.
LE JEUNE MONSIEUR. — Vous m'auriez reproché de mettre l'amour et la beauté en second...
LE VIEUX MONSIEUR. — Oh! si on marivaude à bulletin ouvert... alors je demande à en être.
LA DAME. — Oui... Votons! votons!
LE VIEUX MONSIEUR. — Aux urnes! (Il boit.)
LE JEUNE MONSIEUR. — Je vais dire des choses sérieuses. Je ne vois au vote des femmes que des avantages. Considérables. La femme représente, dans la société, d'une façon générale, l'élément pondéré, la sagesse, la prudence, la raison, l'ordre social...
LE JEUNE MONSIEUR. — H... h... h... h... h...
LA DAME. — Quoi?
LE VIEUX MONSIEUR. — Une bouchée de travers.
LE JEUNE MONSIEUR. — Presque toujours, dans le ménage, c'est elle qui sait le prix des choses et de la vie, qui compte, calcule, envisage, économise, prévoit, pense...
LE VIEUX MONSIEUR. — Dépense... Pardon! Ça m'a échappé !
LA DAME. — Si vous ne pouvez plus vous retenir. (Au jeune monsieur.) Continuez...
LE JEUNE MONSIEUR. — Elle est la compagne, le soutien et même le guide de l'homme... elle est sa moitié...
LE VIEUX MONSIEUR. — Sa douce...
LE JEUNE MONSIEUR. — Elle a tous les devoirs qu'on lui réclame, impitoyablement.
LA DAME. — Oui... Ah oui!
LE JEUNE MONSIEUR. — Pourquoi n'aurait-elle pas aussi...
LE VIEUX MONSIEUR. — Tous les droits?
LA DAME. — Sans doute !
LE JEUNE MONSIEUR. — Non.
LA DAME. — Comment. Non?
LE JEUNE MONSIEUR. — Quelques-uns seulement...
LA DAME. — Vous êtes rat.
LE JEUNE MONSIEUR. — ...mais les plus nobles ! les plus sacrés ! les plus légitimes !... Le droit de vote est le premier de tous. L'esprit féminin, le point de vue féminin, ne veulent pas être méconnus et passés sous silence. L'épouse, la mère, l'aïeule, ont un mot à dire...
LE VIEUX MONSIEUR. — Rien qu'un?
LE JEUNE MONSIEUR. qui se plaît à s'entendre. — La main de la femme vaut celle de l'homme. Comme la main masculine, elle porte l'anneau nuptial, et elle ne boude pas plus qu'elle à la besogne... La couture, les soins du ménage... les plus fatigants et durs travaux l'éprouvent, l'ennoblissent...
LA VOIX BASSE D'UN VERSEUR. — Château- Yquem 83.
LE JEUNE MONSIEUR. — Non... Ah ! si !... (Mais le verseur est loin déjà.)
LE VIEUX MONSIEUR. — Trop tard. Voilà ce que c'est que de...
LE JEUNE MONSIEUR. — ... Pourquoi donc priver cette admirable et secourable main du bulletin de vote ?... quand on lui permet le chiffon?
Pourquoi l'homme, à l'heure du scrutin, retire-t-il aussitôt la sienne, sa main généreuse, de celle de sa compagne, alors qu'au contraire c'est les doigts unis et mêlés qu'ils devraient aller tous deux, lui et la créature qu'il a choisie, l'être d'élection, remplir à la maison communale leur devoir civil?
LE VIEUX MONSIEUR. — Oh ! Présentez-vous... Présentez-vous aux prochaines... Vite. Vous avez ce qu'il faut.
LE JEUNE MONSIEUR. — Vous croyez? Je ne dis pas non. Enfin la femme apporterait, par son vote, ... / ...
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