FAILLET Lucien, dit Félicien FAILLET (né en 1898 ) Secrétaire de rédaction de 1924 à 1941 Fondateur de l'agence photographique FAMA
Fils du poète Fagus, Félicien Faillet, né en 1898, entre à L’Illustration en 1924, comme secrétaire de rédaction, après avoir travaillé à l’agence Havas, puis à La République française. Il est aussi
correspondant du Times et du Morning Post. Son travail au sein de l’hebdomadaire consiste alors dans le suivi des photos et leur mise en page. Son principal interlocuteur est Emmanuel Sougez qui dirige les services photographiques. En1937, il est décoré de la Légion d’honneur, au titre de la propagande française à l’étranger. En 1938, il fonde avec l’accord de L’Illustration l’agence Fama, dont l’objectif est de commercialiser les archives de la revue en vendant les droits de reproduction à d’autres publications, tout en tenant compte de la valeur documentaire des photographies et de l’importance du journal acheteur. Un moyen pour l’hebdomadaire de susciter de nouvelles recettes à un moment où ses finances sont exsangues.
Mobilisé en septembre 1939, il rentre rue Saint-Georges à la fin d’août 1940. Entre temps, L’Illustration fonde l’agence photographique Keystone-Illustration et Faillet se voit confier la tâche d’obtenir les visas de censure des autorités allemandes pour les photos. Dans son livre consacré au Retour des cendres de l’aiglon, publié en 2006, Georges Poisson écrit que « au mois de septembre (1940), le secrétaire de rédaction de L’Illustration, Félicien Faillet, au cours d’une conversation avec les autorités allemandes, rappela l’idée de ce rapatriement (des cendres de l’Aiglon à Paris) et plaida pour qu’il fût réalisé le 15 décembre, centenaire du grand Retour, celui de Napoléon. Sa suggestion fut-elle transmise en haut lieu ? C’est possible ».
Parallèlement, il commence une carrière de journaliste en publiant une douzaine d’articles entre août 1940 et les premiers mois de 1942. Il est aussi chargé de la relecture et des corrections éventuelles des articles de Jacques de Lesdain, « rédacteur politique », imposé par Otto Abetz. Des liens se nouent entre eux, au point que de Lesdain l’emploie comme chargé des relations avec la presse pour l’exposition La France Européenne, financée par l’ambassade d’Allemagne en décembre 1940. A la fin de la même année, il propose aux Baschet de créer un agence photographique de presse qui défendrait la « photo de qualité française », face à ce qu’il appelle « cette vague de vagues photographes étrangers et souvent improvisés qui depuis 10 ans déferlent sur Paris ». D’ailleurs, pour lui, toutes ces agences ne sont que des « repères de bandits ». Il propose d’y associer Emmanuel Sougez pour la photographie et le tirage, lui même se chargeant de la commercialisation. C’est à partir de ce moment-là que les relations entre les Baschet et Faillet se dégradent, Faillet se rangeant aux côtés de Jacques de Lesdain, lors de la première crise qui oppose ce dernier aux propriétaires de L’Illustration, en novembre 1940. Onze mois plus tard, Faillet est licencié par Louis Baschet, le 25 octobre 1941, en empochant au passage 100.000 F d’indemnités.
Officiellement ses fonctions à la tête de l’agence Fama sont jugées incompatibles avec son poste à L’Illustration et c’est Jean Laudat qui lui succède comme secrétaire de rédaction. On trouve toutefois encore un article de Faillet publié le 17 janvier 1942. Il traite du "Cadastre des poumons et des progrès de la radiographie dans la détection des maladies pulmonaires".
Les ponts sont donc loin d’être totalement coupés puisque de 1941 à août 1944, Fama va devenir un des principaux fournisseurs de photos d’actualités de L’Illustration. Dans la plupart des numéros, la couverture, la première page intérieure et les trois ou quatre suivantes qui traitent de la guerre sont presque toujours illustrées de photos créditées Fama. En juillet 1942, il fait partie d'un « voyages d’études en Allemagne » qui le conduit à Berlin. Faillet participe activement à nombre d’opérations de propagande, dont celle qui voit se croiser à Compiègne un train de volontaires partant travailler en Allemagne et un convoi de prisonniers de guerre libérés dans le cadre de la Relève. Peu à peu Fama élargit sa clientèle à d’autres titres comme Paris Soir, Le Petit Parisien, le France Socialiste ou encore Le cri du peuple, journal de Jacques Doriot et du PPF. Dans le même temps, Faillet cherche à convaincre les autorités de la nécessaire restructuration – concentration des agences photographiques, laquelle pourrait se faire au profit de Fama. Dans son livre La photographie d’actualité et de propagande sous le régime de Vichy, (éd. CNRS Edition, 2003), Françoise Denoyelle écrit : « Faillet n’a cessé de collaborer avec l’occupant au mieux de ses intérêts, par cupidité plus que par idéologie ».
Après des années fastes, au cours desquelles ses appointements sont presque doublés entre février et décembre 1943, Félicien Faillet sait qu’il devra rendre des comptes. Dans les jours qui suivent la libération, il tente de transformer Fama en un Institut de documentation et d’informations mondiales. La nouvelle société permettrait ainsi d’échapper au séquestre. Le Ministère de l’Information refuse l’agrément et Faillet est arrêté le 1er septembre 1944 pour « intelligence avec l’ennemi ». Jugé le 19 janvier 1945, il est condamné mais bénéficie d’une amnistie partielle, dès novembre 1945, puis d’une seconde en novembre 1949. Quant à la société Fama, elle est placée sous séquestre le 23 décembre 1944, avant transfert à l’état en novembre 1946 puis dévolution à la SNEP (Société nationale des entreprises de presse) constituée pour gérer tous les bien des entreprises de presse sous séquestre. Si certains se sont montrés sévères sur le cas Faillet, ce n’est pas le cas de Georges Poisson qui écrit en 2006 (ouvrage cité) : « J’ai bien connu Faillet (…), homme de grande qualité, secrétaire de rédaction de L’Illustration, revue qui ne manifestait son collaborationnisme que par les articles de deux journalistes qui lui avaient été imposés, Jacques de Lesdain et Robert de Beauplan. L’Illustration sera condamnée et supprimée, tandis que Faillet sera condamné à plusieurs années de prison, et rayé de la Légion d’honneur. Soixante ans plus tard, il faut, à sa mémoire, affirmer que c’était injuste ». Un point de vue qui n’engage que Georges Poisson.
A consulter : Françoise Denoyelle La photographie d’actualité et de propagande sous le régime de Vichy, (éd. CNRS Edition, 2003).
Jean Paul Perrin
correspondant du Times et du Morning Post. Son travail au sein de l’hebdomadaire consiste alors dans le suivi des photos et leur mise en page. Son principal interlocuteur est Emmanuel Sougez qui dirige les services photographiques. En1937, il est décoré de la Légion d’honneur, au titre de la propagande française à l’étranger. En 1938, il fonde avec l’accord de L’Illustration l’agence Fama, dont l’objectif est de commercialiser les archives de la revue en vendant les droits de reproduction à d’autres publications, tout en tenant compte de la valeur documentaire des photographies et de l’importance du journal acheteur. Un moyen pour l’hebdomadaire de susciter de nouvelles recettes à un moment où ses finances sont exsangues.
Mobilisé en septembre 1939, il rentre rue Saint-Georges à la fin d’août 1940. Entre temps, L’Illustration fonde l’agence photographique Keystone-Illustration et Faillet se voit confier la tâche d’obtenir les visas de censure des autorités allemandes pour les photos. Dans son livre consacré au Retour des cendres de l’aiglon, publié en 2006, Georges Poisson écrit que « au mois de septembre (1940), le secrétaire de rédaction de L’Illustration, Félicien Faillet, au cours d’une conversation avec les autorités allemandes, rappela l’idée de ce rapatriement (des cendres de l’Aiglon à Paris) et plaida pour qu’il fût réalisé le 15 décembre, centenaire du grand Retour, celui de Napoléon. Sa suggestion fut-elle transmise en haut lieu ? C’est possible ».
Parallèlement, il commence une carrière de journaliste en publiant une douzaine d’articles entre août 1940 et les premiers mois de 1942. Il est aussi chargé de la relecture et des corrections éventuelles des articles de Jacques de Lesdain, « rédacteur politique », imposé par Otto Abetz. Des liens se nouent entre eux, au point que de Lesdain l’emploie comme chargé des relations avec la presse pour l’exposition La France Européenne, financée par l’ambassade d’Allemagne en décembre 1940. A la fin de la même année, il propose aux Baschet de créer un agence photographique de presse qui défendrait la « photo de qualité française », face à ce qu’il appelle « cette vague de vagues photographes étrangers et souvent improvisés qui depuis 10 ans déferlent sur Paris ». D’ailleurs, pour lui, toutes ces agences ne sont que des « repères de bandits ». Il propose d’y associer Emmanuel Sougez pour la photographie et le tirage, lui même se chargeant de la commercialisation. C’est à partir de ce moment-là que les relations entre les Baschet et Faillet se dégradent, Faillet se rangeant aux côtés de Jacques de Lesdain, lors de la première crise qui oppose ce dernier aux propriétaires de L’Illustration, en novembre 1940. Onze mois plus tard, Faillet est licencié par Louis Baschet, le 25 octobre 1941, en empochant au passage 100.000 F d’indemnités.
Officiellement ses fonctions à la tête de l’agence Fama sont jugées incompatibles avec son poste à L’Illustration et c’est Jean Laudat qui lui succède comme secrétaire de rédaction. On trouve toutefois encore un article de Faillet publié le 17 janvier 1942. Il traite du "Cadastre des poumons et des progrès de la radiographie dans la détection des maladies pulmonaires".
Les ponts sont donc loin d’être totalement coupés puisque de 1941 à août 1944, Fama va devenir un des principaux fournisseurs de photos d’actualités de L’Illustration. Dans la plupart des numéros, la couverture, la première page intérieure et les trois ou quatre suivantes qui traitent de la guerre sont presque toujours illustrées de photos créditées Fama. En juillet 1942, il fait partie d'un « voyages d’études en Allemagne » qui le conduit à Berlin. Faillet participe activement à nombre d’opérations de propagande, dont celle qui voit se croiser à Compiègne un train de volontaires partant travailler en Allemagne et un convoi de prisonniers de guerre libérés dans le cadre de la Relève. Peu à peu Fama élargit sa clientèle à d’autres titres comme Paris Soir, Le Petit Parisien, le France Socialiste ou encore Le cri du peuple, journal de Jacques Doriot et du PPF. Dans le même temps, Faillet cherche à convaincre les autorités de la nécessaire restructuration – concentration des agences photographiques, laquelle pourrait se faire au profit de Fama. Dans son livre La photographie d’actualité et de propagande sous le régime de Vichy, (éd. CNRS Edition, 2003), Françoise Denoyelle écrit : « Faillet n’a cessé de collaborer avec l’occupant au mieux de ses intérêts, par cupidité plus que par idéologie ».
Après des années fastes, au cours desquelles ses appointements sont presque doublés entre février et décembre 1943, Félicien Faillet sait qu’il devra rendre des comptes. Dans les jours qui suivent la libération, il tente de transformer Fama en un Institut de documentation et d’informations mondiales. La nouvelle société permettrait ainsi d’échapper au séquestre. Le Ministère de l’Information refuse l’agrément et Faillet est arrêté le 1er septembre 1944 pour « intelligence avec l’ennemi ». Jugé le 19 janvier 1945, il est condamné mais bénéficie d’une amnistie partielle, dès novembre 1945, puis d’une seconde en novembre 1949. Quant à la société Fama, elle est placée sous séquestre le 23 décembre 1944, avant transfert à l’état en novembre 1946 puis dévolution à la SNEP (Société nationale des entreprises de presse) constituée pour gérer tous les bien des entreprises de presse sous séquestre. Si certains se sont montrés sévères sur le cas Faillet, ce n’est pas le cas de Georges Poisson qui écrit en 2006 (ouvrage cité) : « J’ai bien connu Faillet (…), homme de grande qualité, secrétaire de rédaction de L’Illustration, revue qui ne manifestait son collaborationnisme que par les articles de deux journalistes qui lui avaient été imposés, Jacques de Lesdain et Robert de Beauplan. L’Illustration sera condamnée et supprimée, tandis que Faillet sera condamné à plusieurs années de prison, et rayé de la Légion d’honneur. Soixante ans plus tard, il faut, à sa mémoire, affirmer que c’était injuste ». Un point de vue qui n’engage que Georges Poisson.
A consulter : Françoise Denoyelle La photographie d’actualité et de propagande sous le régime de Vichy, (éd. CNRS Edition, 2003).
Jean Paul Perrin