CLAIR-GUYOT Ernest (1860-1938) Actif : 1883-1938
La garde barrière, première photographie retouchée
Né en 1860, Ernest Clair-Guyot effectue sans doute l’une des plus longues carrières rue Saint-Georges, en tant que reporter - dessinateur puis photographe. Dès 1873, il participe à une exposition de toiles au Palais des Beaux-Arts. Entré à l’école des Beaux Arts, où il décroche le prix d’anatomie, il a pour maître Galand. Curieusement, il met d'abord ses talents au service de la faïencerie, à Gien. Ce n’est qu’à la fin de 1883, qu’il fait son entrée à L’Illustration, recruté par Auguste Marc.
Dans le numéro spécial consacré à l’inauguration de l’imprimerie de Bobigny, publié en juillet 1933, il raconte ses souvenirs, « Un demi-siècle à L’Illustration », à la demande de Louis Baschet. Pendant des mois, il fait le siège de l’hebdomadaire, comme tant d’autres dessinateurs, Auguste Marc lui laissant entendre « qu’il ne pourrait obtenir, tout de suite, une collaboration régulière ». A la différence de beaucoup de candidats, il ne se découragera pas : « J’avais la foi » écrit-il. Clair-Guyot met à profit cette attente de plusieurs mois pour observer le travail des graveurs qui règnent alors en maître sur l’image et pour apprendre à dessiner sur bois. Un de ses tout premiers dessins est publié dans L’Illustration du 14 juin 1884. D’après un croquis de Champol, il représente le défilé du cortège devant la statue du général Dufour qui venait d’être inaugurée à Genève. Désormais, il a sa part à la réalisation des gravures sur bois, le travail étant souvent divisé pour la réalisation de grandes images. Pourtant le destin le fait sortir de l’atelier de gravure pour en faire un reporter dessinateur puis photographe.
En juillet 1884, L’Illustration le dépêche à Toulon, où une épidémie de choléra vient de se déclarer. Nanti de ses cartons et de ses crayons, il est promu « envoyé spécial de L’Illustration ». Il se montre toutefois lucide : « J’avais la vocation du journalisme. J’étais fier d’être promu envoyé spécial, bien que je me rendisse compte que je ne devais pas tant cette aubaine à mes seuls mérites, qu’au peu d’entrain manifesté par mes collègues à l’offre de séjour, au milieu d’une population de cholériques ». Ses dessins paraissent dans l’hebdomadaire le 12 juillet 1884. Ernest Clair-Guyot est alors définitivement engagé et il inaugure une longue série de reportages, qui vont s’égrener pendant un demi-siècle : « Je pus, l’un des premiers, créer cette profession de reporter – dessinateur – photographe qui n’existait pas à cette époque ». Au retour de chacun de ses reportages, il soumet ses croquis, notes, et photographie à Lucien Marc qui succède à son père en juin 1886, à la direction de L’Illustration.
Il doit ensuite faire la tournée des graveurs et des dessinateurs auxquels on confie une part du travail à réaliser : « De même que l’on divisait le travail aux graveurs, de même on répartissait entre plusieurs dessinateurs le résultat d’un reportage. Malgré l’habileté de chacun, c’était déjà un tour de force d’exécuter sur bois le dessin d’une page, ou même d’une demi page dans l’espace d’une journée, et c’était en moyenne le temps dont on pouvait disposer. On attribuait donc au plus habiles une double page ou une page, à un autre dont le travail était moins rapide, une demi page ». C’est alors la grande époque des Henriot, De Haenen ou Emile Bayard.
Au fil du temps, le croquis, seul source d’inspiration, pour la réalisation d’un dessin et de sa gravure, laisse la place à la photographie. Le reporter peut troquer ses crayons contre la plaque sensible. Lucien Marc, qui a bien compris l’intérêt de la photographie, fait aménager pour Ernest Clair-Guyot, qui a expérimenté la photographie dans sa jeunesse, deux pièces sous les combles de l’Hôtel de la rue Saint-Georges : l’une sert de cabinet noir pour le développement et l’autre de salle de projection. A chaque retour de reportage, il peut ainsi développer ses vues et agrandir celles qui peuvent trouver place dans les colonnes de L’Illustration.
Pour faire face à des reportages de plus en plus fréquents et faciliter ses déplacements, il est gratifié par Lucien Marc d’un appareil spécial, « dernier cri des perfectionnements les plus récents ». La panoplie se composait « d’une chambre 18X24 en acajou, de 6 châssis doubles de même grandeur, d’un voile noir, d’une trousse de trois objectifs des meilleures marques, d’un solide pied en bois, le tout enfermé dans une résistante mallette, recouverte de toile à voile, aux angles garnis de cuivre ». En y ajoutant la douzaine de plaques de verre, on atteignait les 20 kg. Heureusement pour lui, l’attirail va s’alléger progressivement, avec l’invention de l’obturateur et de la photographie instantanée, puis du viseur. En 1891, lors des manœuvres militaires de l’est qu’il suit pour L’Illustration, il peut utiliser un tout nouvel appareil, baptisé Le Reporter.
C’est à Ernest Clair-Guyot que l’on doit aussi le procédé de retouche photographique. Au lieu de reproduire sur le bois la photographie qui sert de document, il a l’idée de se servir de l’épreuve même, en la retouchant directement. Dans ses souvenirs, il écrit : « Cela faisait bénéficier mon dessin de toute la précision du cliché et mon travail terminé, on le photographiait sur le bois sensibilisé pour le graveur. Résultat : grande économie de temps, puisque au lieu de copier entièrement la photographie sur le bois, on ne faisait que l’améliorer et la terminer ». La première image publiée selon ce procédé est celle d’une garde-barrière, dans le numéro du 25 juillet 1891. D’abord réservé aux clichés de bonne qualité, la retouche devait être ensuite étendue à toutes les photos, bonnes ou moins bonnes. Dès lors, la photographie relégue le dessinateur à un rôle plus anonyme.
Clair-Guyot se spécialise ensuite dans le procédé de retouche, devenant un des maîtres dans cet art. En lui rendant hommage, peu après sa disparition en février 1938, L'Illustration (n° 4955) rappelle qu’il fut « à l’époque l’initiateur et le maître de la retouche d’art ». Et d’ajouter en ultime hommage : « Depuis un demi-siècle, Ernest Clair-Guyot a donné à notre rédaction artistique l’effort le plus souple, le plus heureux, le plus intelligent, adapté à une revue d’information et donc en constante évolution ». Hormis L’Illustration, il collabore aussi comme illustrateur au Petit Parisien et à l’Echo de Paris.
A consulter : Ernest Clair-Guyot : Un demi siècle à l’Illustration (L’Illustration, n°4713 – « Bobigny » -1er juillet 1933) et notice nécrologique publié dans L’Illustration (n°4955 – 19 février 1938).
Dans le numéro spécial consacré à l’inauguration de l’imprimerie de Bobigny, publié en juillet 1933, il raconte ses souvenirs, « Un demi-siècle à L’Illustration », à la demande de Louis Baschet. Pendant des mois, il fait le siège de l’hebdomadaire, comme tant d’autres dessinateurs, Auguste Marc lui laissant entendre « qu’il ne pourrait obtenir, tout de suite, une collaboration régulière ». A la différence de beaucoup de candidats, il ne se découragera pas : « J’avais la foi » écrit-il. Clair-Guyot met à profit cette attente de plusieurs mois pour observer le travail des graveurs qui règnent alors en maître sur l’image et pour apprendre à dessiner sur bois. Un de ses tout premiers dessins est publié dans L’Illustration du 14 juin 1884. D’après un croquis de Champol, il représente le défilé du cortège devant la statue du général Dufour qui venait d’être inaugurée à Genève. Désormais, il a sa part à la réalisation des gravures sur bois, le travail étant souvent divisé pour la réalisation de grandes images. Pourtant le destin le fait sortir de l’atelier de gravure pour en faire un reporter dessinateur puis photographe.
En juillet 1884, L’Illustration le dépêche à Toulon, où une épidémie de choléra vient de se déclarer. Nanti de ses cartons et de ses crayons, il est promu « envoyé spécial de L’Illustration ». Il se montre toutefois lucide : « J’avais la vocation du journalisme. J’étais fier d’être promu envoyé spécial, bien que je me rendisse compte que je ne devais pas tant cette aubaine à mes seuls mérites, qu’au peu d’entrain manifesté par mes collègues à l’offre de séjour, au milieu d’une population de cholériques ». Ses dessins paraissent dans l’hebdomadaire le 12 juillet 1884. Ernest Clair-Guyot est alors définitivement engagé et il inaugure une longue série de reportages, qui vont s’égrener pendant un demi-siècle : « Je pus, l’un des premiers, créer cette profession de reporter – dessinateur – photographe qui n’existait pas à cette époque ». Au retour de chacun de ses reportages, il soumet ses croquis, notes, et photographie à Lucien Marc qui succède à son père en juin 1886, à la direction de L’Illustration.
Il doit ensuite faire la tournée des graveurs et des dessinateurs auxquels on confie une part du travail à réaliser : « De même que l’on divisait le travail aux graveurs, de même on répartissait entre plusieurs dessinateurs le résultat d’un reportage. Malgré l’habileté de chacun, c’était déjà un tour de force d’exécuter sur bois le dessin d’une page, ou même d’une demi page dans l’espace d’une journée, et c’était en moyenne le temps dont on pouvait disposer. On attribuait donc au plus habiles une double page ou une page, à un autre dont le travail était moins rapide, une demi page ». C’est alors la grande époque des Henriot, De Haenen ou Emile Bayard.
Au fil du temps, le croquis, seul source d’inspiration, pour la réalisation d’un dessin et de sa gravure, laisse la place à la photographie. Le reporter peut troquer ses crayons contre la plaque sensible. Lucien Marc, qui a bien compris l’intérêt de la photographie, fait aménager pour Ernest Clair-Guyot, qui a expérimenté la photographie dans sa jeunesse, deux pièces sous les combles de l’Hôtel de la rue Saint-Georges : l’une sert de cabinet noir pour le développement et l’autre de salle de projection. A chaque retour de reportage, il peut ainsi développer ses vues et agrandir celles qui peuvent trouver place dans les colonnes de L’Illustration.
Pour faire face à des reportages de plus en plus fréquents et faciliter ses déplacements, il est gratifié par Lucien Marc d’un appareil spécial, « dernier cri des perfectionnements les plus récents ». La panoplie se composait « d’une chambre 18X24 en acajou, de 6 châssis doubles de même grandeur, d’un voile noir, d’une trousse de trois objectifs des meilleures marques, d’un solide pied en bois, le tout enfermé dans une résistante mallette, recouverte de toile à voile, aux angles garnis de cuivre ». En y ajoutant la douzaine de plaques de verre, on atteignait les 20 kg. Heureusement pour lui, l’attirail va s’alléger progressivement, avec l’invention de l’obturateur et de la photographie instantanée, puis du viseur. En 1891, lors des manœuvres militaires de l’est qu’il suit pour L’Illustration, il peut utiliser un tout nouvel appareil, baptisé Le Reporter.
C’est à Ernest Clair-Guyot que l’on doit aussi le procédé de retouche photographique. Au lieu de reproduire sur le bois la photographie qui sert de document, il a l’idée de se servir de l’épreuve même, en la retouchant directement. Dans ses souvenirs, il écrit : « Cela faisait bénéficier mon dessin de toute la précision du cliché et mon travail terminé, on le photographiait sur le bois sensibilisé pour le graveur. Résultat : grande économie de temps, puisque au lieu de copier entièrement la photographie sur le bois, on ne faisait que l’améliorer et la terminer ». La première image publiée selon ce procédé est celle d’une garde-barrière, dans le numéro du 25 juillet 1891. D’abord réservé aux clichés de bonne qualité, la retouche devait être ensuite étendue à toutes les photos, bonnes ou moins bonnes. Dès lors, la photographie relégue le dessinateur à un rôle plus anonyme.
Clair-Guyot se spécialise ensuite dans le procédé de retouche, devenant un des maîtres dans cet art. En lui rendant hommage, peu après sa disparition en février 1938, L'Illustration (n° 4955) rappelle qu’il fut « à l’époque l’initiateur et le maître de la retouche d’art ». Et d’ajouter en ultime hommage : « Depuis un demi-siècle, Ernest Clair-Guyot a donné à notre rédaction artistique l’effort le plus souple, le plus heureux, le plus intelligent, adapté à une revue d’information et donc en constante évolution ». Hormis L’Illustration, il collabore aussi comme illustrateur au Petit Parisien et à l’Echo de Paris.
A consulter : Ernest Clair-Guyot : Un demi siècle à l’Illustration (L’Illustration, n°4713 – « Bobigny » -1er juillet 1933) et notice nécrologique publié dans L’Illustration (n°4955 – 19 février 1938).
CLAIR-GUYOT Jean (1890- vers 1960) Actif : 1909-1944
Fils d’Ernest Clair-Guyot, il entre à L’Illustration en 1909 et y fait toute sa carrière jusqu’en 1944. Son dernier article illustré de photographies paraît dans l’ultime numéro de L’Illustration, daté des 12-19 août 1944 et partiellement diffusé. Il est l’un des principaux photographes de l’hebdomadaire, aussi bien pour des reportages en France qu’à travers le monde. Avant guerre, il est le photographe accrédité du magazine à l’Elysée, avant de l’être auprès de l’Etat français à Vichy (1941-1944). Pour la seule période 1940-1944, l’historienne de la photographie Françoise Denoyelle recense 473 photos de lui publiées dans L’Illustration. Dans la tradition du magazine, il est aussi journaliste, auteur de dizaines d’articles.
Jean Clair-Guyot a aussi collaboré à l’Echo de Paris.
Date de décès non connue.
Jean Paul Perrin
Jean Clair-Guyot a aussi collaboré à l’Echo de Paris.
Date de décès non connue.
Jean Paul Perrin
Guerre civile en Espagne, cliché de Jean Clair-Guyot